Une sensation de picotements pendant une séance d’étirements ne résulte pas toujours d’un simple manque d’habitude. Certains mouvements, pourtant recommandés pour améliorer la souplesse ou relâcher les tensions, peuvent parfois déclencher des signaux inhabituels dans le corps.
Le phénomène, souvent négligé, peut révéler des réactions nerveuses passagères ou signaler une pression excessive sur certains nerfs. Face à ces manifestations, il existe des solutions concrètes et accessibles pour diminuer l’inconfort et éviter des complications potentielles.
Pourquoi des picotements peuvent survenir pendant une séance de yoga
Les picotements en faisant du yoga, ces fourmillements, cette impression de minuscules aiguilles qui courent sous la peau, portent un nom médical : la paresthésie. Concrètement, il s’agit d’un court-circuit dans la transmission des messages nerveux. Plusieurs raisons, souvent imbriquées, se cachent derrière cette sensation.
Il arrive qu’une compression nerveuse se produise lors d’un enchaînement ou d’une posture tenue trop longtemps. Un alignement imparfait, une torsion mal dosée, et voilà le corps qui proteste : le bras s’endort en chien tête en bas, le pied fourmille dans la posture assise. Ce sont généralement les membres comprimés (colonne, poignets, genoux) qui réagissent les premiers.
Autre élément à considérer : la circulation sanguine. Lorsque l’immobilité s’installe, que la respiration se limite à la cage thoracique ou que les jambes restent croisées, l’oxygène arrive moins bien aux extrémités. Ce manque d’afflux peut provoquer une parade sensorielle : picotements ou engourdissements, parfois accentués chez les personnes sujettes à des troubles veineux ou des pathologies chroniques.
Ajoutez à cela l’influence du stress, ce facteur invisible qui tend les muscles et rend le moindre signal corporel plus aigu, plus dérangeant, jusqu’à devenir obsessionnel.
Voici les mécanismes principaux qui expliquent l’apparition de ces sensations :
- Compression d’un nerf lors d’une posture maintenue (bras, main, colonne…)
- Ralentissement du flux sanguin dû à l’immobilité ou au croisement répété des membres
- Hypervigilance provoquée par le stress ou l’anxiété
Le yoga, même pratiqué pour le bien-être, n’est pas sans risque si la technique fait défaut, si l’échauffement est négligé ou si l’on force sur un étirement. Lorsqu’un signal nerveux inhabituel se fait sentir, mieux vaut l’interpréter comme un avertissement du corps, et non comme un simple désagrément passager.
Comprendre la paresthésie : comment notre corps réagit-il lors de certaines postures ?
La paresthésie regroupe ces ressentis étranges : engourdissement, picotements, sensations de brûlure ou perte de sensibilité. À chaque fois, le point commun reste le même : le chemin parcouru par l’influx nerveux se retrouve momentanément perturbé. Dans le contexte du yoga, rester longtemps dans une flexion ou accentuer l’étirement d’un membre peut suffire à bloquer ou irriter un nerf. Le message envoyé au cerveau devient alors brouillé, et c’est toute une zone du corps qui se met à réagir.
Certains syndromes illustrent bien ce phénomène. Le canal carpien se manifeste au poignet, le tunnel tarsien à la cheville. D’autres, comme la radiculopathie en cas de hernie discale, diffusent la gêne sur tout un membre. Chaque posture, lotus, chandelle, chien tête en bas, sollicite un tracé nerveux différent et impose, parfois, une pression sur une zone fragile.
Le contexte médical n’est pas à négliger. Un terrain fragilisé par le diabète, une carence en vitamines B, une maladie vasculaire ou neurologique comme la sclérose en plaques, rend la survenue de paresthésies plus fréquente et plus intense.
Les deux grandes causes à garder en mémoire sont donc :
- Compression nerveuse : postures inadaptées, appuis prolongés, gestes répétés
- Défaillance circulatoire : troubles vasculaires, immobilité, carences
Si une zone perd en sensibilité ou si la douleur s’installe, il est temps d’écouter ce que le corps tente d’exprimer. L’intensité, la régularité et la localisation du symptôme permettent d’avancer vers une explication précise, qu’elle soit bénigne ou plus sérieuse.
Picotements persistants ou passagers : comment faire la différence et quand s’inquiéter ?
Il n’est pas rare que les picotements en yoga disparaissent aussitôt que l’étirement cesse ou que la position change. Dans ce cas, il s’agit probablement d’une compression nerveuse temporaire ou d’une circulation sanguine momentanément ralentie. Tant que ces sensations ne durent pas, il n’y a généralement pas lieu de s’alarmer.
En revanche, si les fourmillements persistent après la séance, deviennent quotidiens, s’étendent à d’autres zones ou s’accompagnent de faiblesse musculaire, de perte de sensibilité ou de douleurs de type brûlure ou décharge, la prudence s’impose. Ce tableau évoque une compression nerveuse chronique ou un problème de santé sous-jacent.
| Symptômes | Nature | Action |
|---|---|---|
| Picotements disparaissant au repos | Passager | Adapter la posture, surveiller |
| Picotements persistants, douleurs, faiblesse | Persistant | Consulter un professionnel de santé |
Pour évaluer la gravité, il est utile de noter la durée, la fréquence et la localisation des symptômes. Si le doute persiste, un médecin pourra demander des examens tels qu’une IRM, un bilan sanguin ou une électromyographie pour analyser les nerfs et les muscles. Face à des troubles persistants, la vigilance reste la meilleure alliée.
Des solutions concrètes pour pratiquer le yoga sereinement et préserver sa santé
Adopter les bons réflexes limite le risque de picotements lors des séances de yoga. Avant chaque pratique, un échauffement adapté active la circulation sanguine et prépare muscles et nerfs à l’effort. Avancer progressivement, choisir des variantes selon ses capacités, et utiliser des supports (blocs, coussins, sangles) permet de ménager les zones sensibles : colonne, poignets, genoux, épaules.
Le respect de sa propre proprioception, autrement dit, l’attention à l’alignement et au ressenti corporel, protège des blessures. La recherche de souplesse ne doit jamais pousser à ignorer la douleur ou à forcer l’articulation. Multiplier les pauses, varier les postures et relâcher immédiatement toute position générant des fourmillements sont des mesures simples et efficaces.
En cas de symptômes persistants, il existe plusieurs pistes complémentaires pour éviter l’aggravation :
- Pratique progressive et adaptée à la morphologie
- Utilisation de supports pour soulager les zones sensibles
- Renforcement musculaire ciblé et travail de la mobilité
- Écoute attentive des sensations corporelles
Un suivi avec un kinésithérapeute du sport, la physiothérapie, voire un traitement médicamenteux ou orthopédique peuvent être envisagés si la situation le justifie. Parfois, une intervention chirurgicale devient la solution pour lever une compression nerveuse chronique ou réparer une lésion structurelle.
Faire confiance à ses sensations, ajuster sa pratique, ne jamais banaliser un signal inhabituel : voilà ce qui permet de poursuivre le yoga sur la durée, sans y perdre le plaisir ou la sécurité. Garder le cap, c’est aussi accepter l’idée que progresser, c’est parfois savoir s’arrêter à temps.


