Symptômes du bore out : identifier et prévenir la dépression au travail

Des salariés en situation de sous-charge éprouvent les mêmes symptômes que ceux exposés au surmenage. L’ennui professionnel peut conduire à l’épuisement psychologique, malgré une activité peu exigeante.

Les conséquences sur la santé mentale restent largement sous-estimées. Certains signes passent inaperçus, faute d’être associés à un mal-être lié au travail inoccupé. Les entreprises peinent encore à reconnaître la réalité de ce phénomène.

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bore-out : comprendre un mal silencieux au travail

Le bore-out, ce syndrome d’épuisement par l’ennui, s’installe dans la vie professionnelle sans faire de bruit. Il ne surgit pas d’un excès de travail mais d’un quotidien vidé de sa substance, de la répétition de tâches sans intérêt ou du manque de reconnaissance. Là où le burn-out épuise par la surcharge, le bore-out use par le vide.

Ce trouble s’inscrit aux côtés du burn-out, l’épuisement par excès, et du brown-out, la perte de sens au travail. Trois facettes d’une détresse professionnelle qui se propage lentement. Les causes du bore-out s’ancrent fréquemment dans :

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  • l’absence de stimulation intellectuelle,
  • la répétition de tâches sans valeur ajoutée,
  • la marginalisation progressive (“mise au placard”),
  • la surqualification ignorée ou mal exploitée.

Aucun secteur n’est immunisé : la sous-charge, l’effacement des responsabilités ou un quotidien sans perspectives touchent tous les profils. Face à ce malaise, les entreprises ferment parfois les yeux, préférant le silence à la remise en question de leur organisation.

Des chercheurs comme Philippe Rothlin et Peter Werder ont conceptualisé ce phénomène. François Baumann en a analysé les effets délétères sur la santé mentale. Désormais, la Haute Autorité de santé tire la sonnette d’alarme : les souffrances liées à l’ennui professionnel échappent encore trop souvent au radar des employeurs.

Quels symptômes doivent alerter face à l’ennui professionnel ?

Le bore-out s’infiltre sans prévenir, s’installe lentement et s’ancre profondément. Il ne s’agit pas d’un simple coup de mou ou d’un jour sans. Fatigue persistante sans vraie cause, troubles du sommeil récurrents, sentiment de vide qui ne s’estompe pas : la lassitude dépasse de loin l’ennui passager. La motivation se délite, le sens s’efface face à la répétition de tâches dénuées d’intérêt.

Dans la réalité, cela se traduit par une procrastination grandissante, un désengagement discret ou flagrant, parfois un absentéisme qui s’installe. La culpabilité s’invite : impression d’être inutile, de ne plus servir à rien dans l’entreprise. L’estime de soi en prend un coup.

Au fond, ce sont le manque de défis, l’absence de reconnaissance ou la communication réduite qui alimentent ce malaise. La marginalisation, souvent invisible, agit comme un poison lent. Quand la surqualification n’est jamais reconnue, le lien à l’organisation se délite.

Voici les signes à surveiller de près :

  • Fatigue physique et mentale qui s’installe
  • Déprime ou anxiété persistante
  • Perte d’estime de soi, sentiment de culpabilité
  • Isolement et retrait social progressif
  • Désengagement, absentéisme récurrent

Il faut rester attentif lorsque la routine écrase toute curiosité, lorsque l’ennui se transforme en malaise durable. Le bore-out ne résulte pas d’une fragilité personnelle, mais d’un déséquilibre dans la façon de travailler : absence de défi, silence managérial, manque de reconnaissance. Ignorer ces signaux, c’est ouvrir la porte à la dépression au travail.

Du mal-être à la dépression : quels sont les risques pour la santé ?

L’ennui professionnel, souvent minimisé, agit comme un acide lent qui attaque la santé mentale. Le bore-out dépasse largement la simple lassitude : il creuse le lit d’une dépression durable. Fatigue chronique, troubles du sommeil, perte de confiance en soi, anxiété qui s’installe. Progressivement, la vie professionnelle se vide de sens, la vie personnelle s’étiole.

Peu à peu, le salarié décroche. Désengagement, absentéisme, procrastination, sentiment de n’être qu’un figurant dans l’entreprise… la spirale s’enclenche. Les dégâts ne se limitent pas à l’esprit : les médecins alertent sur un risque accru d’accidents cardiovasculaires. Les compétences s’émoussent, le parcours professionnel se fragilise, la confiance en soi s’écroule.

Personne n’est à l’abri : tous les secteurs, tous les âges peuvent être concernés. L’épuisement par l’ennui mine les fondations du travail : reconnaissance, sentiment d’utilité, lien aux autres. Les troubles anxiodépressifs s’installent, la santé mentale se dégrade. Ce syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui n’a rien d’une fatalité individuelle : c’est un risque psychosocial bien réel, que chaque entreprise doit regarder en face.

burnout professionnel

Des pistes concrètes pour prévenir et surmonter le bore-out

Pour combattre le bore-out, il faut avant tout lever le tabou. Parler de sa situation, verbaliser l’ennui, la sous-charge ou le manque de défi, c’est déjà ouvrir une porte. Un échange direct avec le manager ou les ressources humaines peut transformer la donne. Un simple ajustement des missions, une nouvelle responsabilité ou un projet inédit permettent souvent de retrouver du sens.

La formation continue offre une bouffée d’oxygène. Se former, explorer d’autres métiers, envisager une mobilité interne ou une reconversion professionnelle : ces options réenclenchent la dynamique et restaurent le sentiment d’utilité. Si l’ennui s’enracine, il ne faut pas hésiter à solliciter un médecin du travail ou un psychologue : un accompagnement professionnel aide à sortir de l’isolement et évite de sombrer dans la dépression.

Voici plusieurs leviers concrets qui font la différence :

  • Valorisation régulière des réussites : retrouver sa place et son utilité
  • Échanges collectifs : partager les ressentis, détecter les signaux faibles dans l’équipe
  • Conseil en évolution professionnelle : ouvrir de nouveaux horizons, repenser son parcours

La mise à l’écart, qui peut parfois relever du harcèlement moral, doit être signalée rapidement. Le soutien des collègues, la vigilance des managers, l’implication de toute l’organisation créent un filet de sécurité contre l’épuisement par l’ennui. Face au bore-out, la réponse n’est jamais individuelle : c’est la mobilisation de tous qui fait la différence, à chaque échelon de l’entreprise.

Quand l’ennui professionnel s’invite, rester silencieux, c’est risquer bien plus que l’ennui. Et si le premier pas vers la sortie du tunnel, c’était simplement d’oser nommer ce qui ne va pas ?