Un faux arrêt maladie, ce n’est pas une simple erreur de parcours : c’est une faille qui éreinte la confiance et désorganise toute l’entreprise. Derrière ce mot discret, il y a parfois des semaines d’absences injustifiées, des équipes sous tension et des dirigeants démunis. Pourtant, il existe des leviers concrets pour reprendre la main. Voyons comment réagir, sans excès ni faiblesse, face à ce phénomène qui mine l’efficacité collective.
Plan de l'article
La contre-visite médicale
En tant qu’employeur, vous avez la possibilité d’organiser une contre-visite médicale lorsqu’un arrêt maladie vous paraît douteux ou se répète sans raison apparente. Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières, mais d’un droit légitime pour garantir l’équilibre du collectif et éviter les abus.
Le salarié a l’obligation d’avertir rapidement son employeur et la caisse d’assurance maladie dès qu’un arrêt lui est prescrit. Cette démarche doit être faite dans les 48 heures. Si la situation vous semble suspecte, arrêt prolongé, symptômes peu cohérents, rumeurs de double activité, il est alors possible de faire appel à un médecin externe de votre choix pour une vérification à domicile.
Ce professionnel se charge de contrôler, sur place et sans prévenir à l’avance, la réalité de l’incapacité du salarié à exercer ses fonctions. Si la personne ne se trouve pas à son adresse habituelle, l’examen se déroulera à l’endroit que l’employé a communiqué à son employeur.
La visite doit avoir lieu dans des plages horaires précises : entre 9h et 11h, ou de 14h à 16h, conformément aux heures de présence mentionnées sur l’arrêt. Si le salarié bénéficie d’une autorisation de sortie libre, il est alors possible d’organiser un rendez-vous spécifique. Ce dispositif doit toujours être utilisé de façon mesurée, afin de respecter la loi et d’éviter les dérives.
Suspendre l’indemnité complémentaire
Lorsque la contre-visite confirme que l’arrêt maladie est justifié, le versement des indemnités doit se poursuivre normalement. Mais si le médecin mandaté conclut à une fraude, la donne change. Même s’il est interdit de sanctionner immédiatement le salarié, il est possible de suspendre le versement des indemnités complémentaires. Les résultats de la contre-visite sont alors transmis à la CPAM, qui peut décider d’un contrôle approfondi et, le cas échéant, interrompre à son tour les versements.
Autre recours concret : déposer une plainte, non seulement contre l’employé concerné mais aussi contre le praticien ayant établi un arrêt de complaisance. Cette action s’effectue auprès du conseil de l’ordre départemental des médecins, voire au pénal. En cas de fraude avérée, il est même envisageable de réclamer le remboursement des sommes déjà versées.
Dans certains cas rares mais bien réels, la sanction s’impose : un licenciement est possible si l’arrêt maladie s’avère falsifié. Il n’est alors pas nécessaire d’attendre le retour du salarié pour mettre fin au contrat.
Renforcer les contrôles de l’employeur
Aller plus loin que la simple suspension d’indemnité complémentaire, c’est aussi renforcer le dispositif de contrôle en interne. L’employeur peut diligenter des enquêtes pour recueillir des faits précis, susceptibles de prouver qu’un arrêt maladie a été abusivement posé ou exagéré.
Ces démarches doivent respecter la vie privée et le secret médical. D’où la nécessité d’élaborer en amont une politique claire, transparente et partagée sur les modalités de contrôle. Les salariés doivent en être informés, tout comme les responsables d’équipe qui auront à expliquer les étapes d’un processus de vérification, sans stigmatiser ni infantiliser.
Lorsqu’une fraude est détectée, il est impératif d’en informer les autorités concernées. Cette transparence contribue à préserver la productivité, tout en instaurant un climat de confiance où chacun mesure l’impact de ses choix. Les collaborateurs qui multiplient les absences injustifiées finissent par mettre à mal l’organisation, et la dynamique de groupe en souffre.
Sensibiliser les salariés à la nécessité d’une attitude responsable
Au-delà des vérifications et des procédures, il est indispensable d’instaurer une véritable culture de responsabilité autour de la question des arrêts maladie. Pour cela, plusieurs leviers sont possibles.
- Campagnes d’information régulières sur le respect des règles et les conséquences d’un arrêt abusif
 - Sessions de formation pour rappeler les droits et devoirs de chacun
 - Actions concrètes en faveur du bien-être au travail, comme l’organisation d’activités sportives collectives ou de temps de relaxation
 
L’objectif n’est pas de pointer du doigt ceux qui, pour des raisons de santé, doivent s’absenter. Mais de rappeler que la prévention reste la voie la plus efficace pour limiter les arrêts prolongés. Prendre soin de la santé mentale et physique de ses équipes, c’est agir en amont, avant que la situation ne dégénère.
Un dialogue ouvert entre employeur et salariés s’avère également déterminant. Il s’agit de garantir une gestion respectueuse des absences pour maladie, sans discrimination, tout en s’appuyant sur des partenaires extérieurs spécialisés si la situation l’impose.
En cultivant cette vigilance partagée, l’entreprise se donne les moyens de limiter les abus et d’optimiser son organisation. C’est aussi le gage d’une ambiance plus sereine, où chacun se sent à la fois protégé… et responsable. Car au final, c’est l’équilibre collectif qui en sort renforcé, et la performance qui retrouve toute sa place au cœur du quotidien professionnel.

